Elisabeth Baume-Schneider
Conseillère aux États (JU)
Oui à une révision de la loi CO2 équilibrée et juste
La loi sur le CO2 est la résultante d’un travail parlementaire de longue haleine. Si elle n’est pas totalement ciselée à l’aune de nos valeurs et de notre engagement en matière de justice climatique et sociale, elle n’en demeure pas moins un premier pas fondamental, nécessaire et prometteur.
Elle est équilibrée et juste face à un constat imparable : le réchauffement climatique et ses conséquences sur nos écosystèmes et sur notre santé nécessitent une véritable politique climatique. Contester le fait que notre planète se dérègle ou encore affirmer que nos comportements humains n’en seraient pas responsables relèvent soit de l’inconscience, soit de la mauvaise foi, soit des deux … En écho aux enjeux climatiques, la loi fixe d’une part des objectifs et propose d’autre part une combinaison de mesures en vue de réduire, par rapport à 1990, nos émissions de CO2 d’au moins 50 % d’ici à 2030.
Concrètement, il est temps de renoncer aux énergies fossiles ! Il est possible de progressivement passer à un approvisionnement énergétique sans pétrole, charbon ou gaz. En diminuant nos importations corrélées à une dépense de l’ordre de 8 milliards par an profitant avant tout au lobby pétrolier, on investit en Suisse dans l’efficacité énergétique et dans la production d’électricité et de chaleur renouvelables ; on crée de la valeur ajoutée et des emplois.
Il est aussi temps de prendre conscience du fait que nous avons à changer certaines habitudes de consommation ; les taxes incitatives valident le principe du pollueur-payeur et nous invitent à faire des choix. Prévoir une taxe (30.– à 120.–) sur les billets d’avion ou sur les jets privés (500.– à 3000.–) n’a rien de choquant. Ne plus chauffer avec une chaudière à mazout en cas de nouvelle installation est aujourd’hui déjà une option régulièrement retenue, notamment grâce aux programmes de soutien cantonaux et fédéraux.
Les opposants à la loi, UDC en tête, fustigent des coûts exorbitants et n’hésitent pas à parler de plusieurs milliers de francs ponctionnés sur le dos des familles. Affirmer que la loi est équilibrée ne relève pas d’un slogan aguicheur ou d’une confiance aveugle à l’égard de notre conseillère fédérale Simonea Sommaruga … Non, mais grâce à son engagement en faveur d’un compromis solide, la loi est conçue dans une perspective équitable. Les 100.– mentionnés par le Conseil fédéral représentent le montant indicatif pour une famille de 4 personnes, avec une voiture à essence, un chauffage à mazout et un vol par an en Europe. Certes, en habitant dans une région moins bien desservie par les transports publics, les frais de véhicules sont plus élevés. Il est toutefois faux d’affirmer que la loi défavorise d’une manière générale les régions périphériques et appauvrit les ménages les plus modestes. Il est utile de rappeler que la loi confirme le principe de la redistribution de la taxe CO2 ; le « bonus climatique » versé à chaque personne, quel que soit son âge ou son revenu, s’élèvera à 167.– par année.
Avec un objectif de redistribution, un fonds pour le climat est institué avec l’établissement de principes d’alimentation et de répartition du produit global. En fixant les critères de soutien, le Conseil fédéral tient compte de la situation économique de l’espace rural et des régions de montagnes. À titre d’exemple, la Confédération soutiendra l’installation de bornes de recharge pour voitures électriques dans les immeubles d’habitation, les cantons dotés de programmes relatifs à l’assainissement énergétique des bâtiments, et contribuera à la promotion du transport ferroviaire transfrontalier, y compris par trains de nuit, etc.
En conclusion, dire OUI à la loi CO2 revient à choisir un réel progrès, un socle de base pour lutter, sans perdre des années cruciales, contre le réchauffement climatique.